Qu’est-ce que la triple comptabilité d’une entreprise et comment l’implémenter dans son modèle ?

Qu’est-ce que la triple comptabilité pour une entreprise ? 

La triple comptabilité est une façon d’intégrer les résultats sociétaux et environnementaux aux résultats annuels  d’une entreprise. Elle traduit ainsi, d’un point de vue comptable, ses résultats positifs ou négatifs sociaux et environnementaux comme elle le ferait sur le plan financier. Aussi appelée comptabilité extra financière, elle permet non seulement  d’adapter sa stratégie Climat à l’ampleur de ses externalités, mais aussi secondairement  à communiquer en transparence sur ses activités, et  son mode de gouvernance.

H2 :   Est-elle obligatoire ?

L’exercice de la triple comptabilité est actuellement obligatoire en France, pour toute société cotée ou non cotée réalisant un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros ou plus et ayant plus de 500 salarié·e·s. Elle  est encadrée  par la juridiction  , de  la directive du 22 octobre 2014 selon laquelle la politique environnementale, sociale et de gouvernance (ESG) de l’entreprise et son résultat doivent être publiés sous forme d’indicateurs clés de performance (KPI ou ICP) (Émissions de gaz à effet de serre scopes 1, 2 et 3 en tCO2eq (lien la mode ignore), consommation d’eau, polluants atmosphériques, surexploitation des sols…etc). 

Par ailleurs, elle est recommandée pour toute entité à la recherche de financements. Elle intéresse en effet, au-delà de l’État et des consommateur·ice·s, les investisseurs qui se penchent de plus sur le reporting extra-financier. Le risque de s’associer avec une société qui ne respecte pas les Droits de l’Homme, la sécurité sur le lieu de  travail ou bafoue l’Environnement est réputationnel mais aussi économique. Le fonctionnement linéaire classique des entreprises n’est pas soutenable et de fait, probablement pas pérenne.   

Cette nouvelle comptabilité va finir par s’étendre à toutes les entreprises si on en croit la révision de la loi en 2020 par la Commission Européenne qui la renforcer et l’harmoniser sur le territoire. Les entreprises européennes pourraient bientôt se voir imposer de faire un reporting extra-financier annuel, intégrant les critères ESG (Environnement, Social et de Gouvernance juste). La « Corporate Sustainability Reporting Directive » (CSRD), pourrait permettre une meilleure communication, une fiabilité et amélioration de la qualité des informations environnementales et sociétales de la structure concernée. 

H2 :   Comment mettre en place une triple comptabilité dans son entreprise ?

Le gouvernement français a mis en place un outil pour aider à la mesure des données environnementales, sociales et de bonne gouvernance des entreprises. La plateforme Impact (lien) offre aux acteur·ice·s économiques, quels que soient la taille ou le chiffre d’affaires, les clés pour comprendre, mesurer et mettre en place une transition vers une économie durable. Il est possible de publier ses indicateurs sur les trois leviers : Environnement, Social et Gouvernance, en répondant à un formulaire. Les indicateurs les plus renseignés étant le bilan carbone, la gestion et/ou le recyclage des déchets et le suivi de la consommation d’eau.  

Les différents leviers comprennent : 

• Environnement : La quantité de ressources utilisée par l’entreprise. Les variables environnementales devraient être capables de mesurer les ressources naturelles et prévoir l’impact possible. Par exemple, la qualité de l’eau, la consommation d’énergie, les déchets solides toxiques, l’utilisation des terres…
• Social : Les variables sociales ne sont pas faciles à mesurer. De nombreuses entreprises ont du mal à déterminer leurs impacts sociaux et leurs responsabilités. Pour faciliter les choses, Carter et Jennings (2002) ont trouvé cinq aspects du bilan social : la diversité, l’éthique, les Droits de l’Homme/la qualité de vie, la philanthropie/la communauté et la sécurité. Slaper et Hall (2011) suggèrent que les variables sociales peuvent être divisées en mesures de l’éducation, de l’équité et de l’accès aux ressources sociales, de la santé et du bien-être, de la qualité de vie et du capital social. Les variables correspondantes pourraient être, par exemple, le taux de chômage, le taux d’activité des femmes, le revenu médian des ménages et la pauvreté relative. 

Autre ressource, le C3D, l’association ORÉE et l’Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises (ORSE) ont rédigé un guide gratuit : « La comptabilité intégrée : un outil de transformation de l’entreprise à la portée de tous ». Il présente plusieurs méthodologies ainsi qu’un rappel des lois en vigueur. 

Enfin, les structures accompagnant à la réalisation d’un Bilan Carbone pour une entreprises sont généralement à même d’apporter une expertise et du soutien à la mise en place de la triple comptabilité, dont le bilan carbone fait partie. Ce dernier est d’ailleurs valorisé par ces reportings annuels qui, année après année, permettent à l’entreprise d’améliorer sa stratégie de réduction d’impact et de communiquer à ses client·e·s et ses parties prenantes à cet effet.

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Cet article a été écrit par Coralyne Bienvenu